Souvent associée à la paresse en France, la sieste s’est démocratisée à travers le monde (Chine, Japon, Espagne, USA).
Focus sur une pratique qui tend à se développer au sein des entreprises françaises.

La sieste au travail et ses enjeux

L’une des définitions de la qualité de vie au travail (QVT) issue de l’Accord National Interprofessionnel du 19 juin 2013 est celle-ci : “La qualité de vie au travail peut se concevoir comme un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué.

Cette notion de qualité de vie au travail a été, ces dernières années, grandement sollicitée par les entreprises. Elle dépasse, selon l’INRS, le cadre de la santé mentale et des pathologies associées. En effet, elle représente le ressenti de l’individu sur son environnement de travail, et ce qu’il en retire de positif.

La QVT est donc un principe de perception et chaque entreprise peut s’approprier cette démarche tout en gardant à l’esprit les 3 piliers qui la forme :

  • Les conditions d’emploi et de travail (environnement, ergonomie, conciliation vie professionnelle et personnelle, …)
  • La capacité d’action et d’expression (soutien des managers, participations des collaborateurs à la vie d’entreprise, …)
  • Le contenu du travail (apprentissage, autonomie, mise en valeur des compétences,…).

Réglementation de la sieste au travail

On parle beaucoup de QVT comme levier de croissance pour les entreprises. Il est vrai que des études ont pu montrer que les entreprises les plus performantes étaient des entreprises où il faisait “bon vivre”.

Un salarié heureux est un salarié qui aime venir travailler dans son entreprise et se dépasser pour accomplir ses missions. Certaines pratiques stimulent le bien-être au travail et peuvent permettre aux organisations de se développer et d’accroître la rentabilité. On parle par exemple aujourd’hui, de management horizontal plutôt que vertical. Ce type de management permet de donner une autre dimension au rôle du salarié et de l’intégrer dans des décisions de l’entreprise.
Il y a également la mise en place de bureau ergonomique pour assurer un confort à ses collaborateurs, permettre un jour de télétravail dans la semaine ou organiser des team building.
On tend à croire que ces actions favorisent le bonheur du salarié tout en le rendant plus productif et en rendant in fine l’entreprise plus rentable.

Effectivement, prendre soin de l’humain et capitaliser dessus devient quelque chose de primordial pour sa pérennité, mais est ce que toutes les entreprises jouent sincèrement le jeu ?

Avantages et inconvénients de la sieste au travail

Dans toute cette course au “bien-être au travail”, on se rend compte que les entreprises pensent répondre à tous les risques psycho-sociaux que l’on peut développer dans son milieu professionnel. Or, mettre en place quelques actions peu concrètes, ne prévient pas forcément du burnout, du harcèlement, etc.

Jean-Christophe Vuattoux et Tarik Chaor, respectivement maîtres de conférence de l’Université de Poitiers et de l’Université de Savoie Mont Blanc, montrent que les organisations ne prennent pas en compte la dimension organisationnelle dans cette quête du bonheur salarial.

Ces deux universitaires utilisent ici le terme de greatwashing en résonance au “greenwashing”. Les entreprises abondent de communication externe et interne pour montrer qu’elles prennent soin de leurs salariés et combien ces derniers sont épanouis ! On met donc en avant le babyfoot, l’espace de pause-café et l’intégration d’un chief happiness officier dans la boîte. Mais à côté de cela, quelles sont les mesures concrètes mises en place pour prendre soin de la santé physique et mentale de ses collaborateurs ? Comment faire pour réduire les arrêts maladie qui ne cessent de croître ?

Avec la crise sanitaire que nous traversons, les travailleurs attendent de leurs directions qu’elles s’investissent dans la prévention des risques psycho-sociaux. Plus que mettre des plantes à chaque bureau, il est temps de prendre en compte les problèmes profonds liés au travail.

Écrit par Marine Dumoncel, docteur au CHU de Toulouse.

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