Le salaire des maires enfin dévoilé : des montants qui vont surprendre
- Guillaume Pinson
- 22 octobre 2025
- QUOTIDIEN
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Le salaire des maires enfin dévoilé : des montants qui vont surprendre
Ah, le maire ! Celui ou celle qui s’inquiète des nids-de-poule, coupe les rubans, ou s’improvise arbitre lors des fêtes de village. Mais au fond, combien gagnent-ils vraiment pour tenir la barre, parfois tumultueuse, de nos communes ? Aujourd’hui, levons le voile sur les rémunérations des maires de France : étonnement garanti, sans effets spéciaux.
Comment est calculée la rémunération d’un maire ?
En France, la rémunération des maires, officiellement appelée indemnité de fonction, dépend d’un facteur crucial : la taille de la commune. Autrement dit, plus il y a d’habitants sous la houlette du maire, plus le montant grimpe. Cette échelle est établie et encadrée par la loi : impossible de faire du zèle ou du rabais à la carte !
Mais attention, pas question de faire fortune à tous les coups : la base de calcul, c’est l’indice brut terminal de la fonction publique, actuellement fixé à 1027. Il a d’ailleurs été revalorisé au 1er janvier 2024, passant à 4 110,52 euros. Rassurons tout de suite ceux qui s’imaginent les maires roulant carrosse : il ne s’agit pas du montant touché, mais de l’indice sur lequel s’appuie le calcul.
Des montants selon la taille de la commune : fourchette et exemples
- Pour les petites communes de moins de 500 habitants, le maire perçoit une indemnité « modique » de 1 048,18 euros brut mensuel.
- A l’autre extrémité, pour les poids lourds (plus de 200 000 habitants), l’indemnité atteint 5 960,26 euros.
- C’est à Paris que le Jackpot est atteint : Anne Hidalgo perçoit ainsi 7 912,76 euros brut chaque mois – un montant qui, convenons-en, n’est pas celui d’un simple adjoint au subjonctif.
Prenons quelques noms : Christian Estrosi, aux manettes à Nice (340 000 habitants), touche 5 960,26 euros. Même topo pour Édouard Philippe au Havre (160 000 habitants – mais visiblement pas une question de litres !), qui perçoit lui aussi 5 960,26 euros.
La règle générale impose aux communes d’attribuer le taux maximal prévu par la loi, sauf si le conseil municipal en décide autrement à l’initiative du maire (merci l’article L2123-23).
Entre engagement, cumul, et frais oubliés : le quotidien des maires
On pourrait croire qu’avec tout ça, nos chers maires n’ont pas trop de motifs de se plaindre côté portefeuille. Pourtant, la réalité nuance le tableau : 87 % d’entre eux ne se font même pas rembourser leurs frais. Le don de soi, parfois… jusqu’au ticket de parking !
Autre fait saillant : 40,1 % exercent une autre activité à côté de leur mandat de maire. Eh oui, l’indemnité municipale, si elle n’est pas négligeable dans les grandes villes, reste bien modeste dans la plupart des communes. D’ailleurs, 35 % des maires ont déjà volontairement renoncé à une part de leur indemnité. L’altruisme a la corde dure.
Pour ceux qui doutaient de la vocation, ce chiffre devrait faire réfléchir : selon une étude du Centre de recherches politiques de Sciences Po pour l’Association des maires de France et le ministère chargé des collectivités territoriales (parue en novembre 2023), 50 % des maires estiment que leur indemnité devrait être revalorisée, pour inciter davantage de citoyens à franchir le pas et à s’engager.
Vers de nouveaux horizons statutaires et financiers ?
L’émoi autour de cette question ne laisse pas indifférent le sommet de l’État. À six mois des élections municipales, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, y est allé de sa lettre de soutien adressée aux près de 35 000 maires : « Je mesure, pour bien les connaître, les difficultés des missions qui vous sont confiées », écrit celui qui fut lui-même maire de Vernon dans l’Eure.
Dans ce courrier, on retrouve un souhait affirmé : faire entrer dans les textes budgétaires pour 2026 une meilleure reconnaissance de l’engagement des maires, via un statut spécifique pour les élus locaux (un texte déjà adopté en première lecture à l’Assemblée nationale). Une réflexion est également engagée pour « garantir un service public efficace, de proximité, adapté aux besoins de nos concitoyens et aux exigences de nos finances publiques » grâce à un « grand acte de décentralisation ».
L’issue sur le terrain budgétaire reste à préciser : difficile, pour l’heure, d’affirmer s’il y aura une vraie hausse des indemnités. Mais la moitié des intéressés la réclament, chiffres à l’appui !
Conclusion : salaire, engagement, et vocation…
On le voit : si certains montants peuvent impressionner, la réalité du mandat municipal, c’est souvent bien plus d’engagement que de richesse. Aux usagers de la mairie qui croyaient leur maire dorloté, il faudra peut-être glisser un mot d’encouragement avec leurs doléances : la commune, c’est aussi le fruit d’un dévouement parfois discret mais indéniable.





