La “Fête du Travail”… Encore une invention des Français ! Et bien non, pas tout à fait… La “Journée Internationale des Travailleurs » tire son origine d’ailleurs.
Aux États-Unis d’abord
Alors que l’économie est en pleine croissance au début du XIXe siècle, grâce à l’industrialisation et aux innovations techniques récentes, les conditions de travail sont particulièrement difficiles, voire inhumaines. Les travailleurs•ses produisent sans relâche : jusqu’à 17 heures par jour, sept jours sur sept pour un salaire déplorable.
En 1886, c’en est trop.
À Chicago, l’heure de la révolte a sonné. Le samedi 1er mai, les syndicats américains lancent un mouvement revendicatif pour la journée de 8 heures. Près de 350 000 travailleurs•ses Américains•es se mettent en grève dans un élan d’enthousiasme partagé. Le mouvement gréviste se prolongeant, des émeutes violentes éclatent dans le centre de la ville américaine. Manifestants•es et forces de police s’opposent dans un affrontement brutal, conduisant à un échange de coups de feu.
Bilan : 6 manifestants tués et 50 blessés.
Mais le massacre ne s’arrête pas là. Le 4 mai, alors que 15 000 manifestants•es se réunissent pour un meeting, la police intervient de nouveau. Une bombe explose, tuant 2 policiers. Une boucherie s’ensuit, comptant une dizaine de morts dont 7 policiers. L’histoire se termine avec la condamnation à mort de cinq anarchistes.
La France ensuite
Trois ans après, à l’occasion du centenaire de la Révolution française, le congrès de la IIe Internationale socialiste se réunit à Paris le 21 juillet 1889. Le 1er mai devient officiellement une “journée internationale des travailleurs” avec l’imposition de la journée de huit heures.
Le Congrès déclare : “ Il sera organisé une grande manifestation internationale, de manière à ce que dans tous les pays et toutes les villes à la fois, le même jour, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure afin de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d’appliquer les autres résolutions du Congrès de Paris.”
L’année suivante, des manifestants arborent un triangle rouge symbolisant leur triple revendication : 8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisir. Mais, à la suite d’une manifestation sanglante qui a lieu à Fourmies, dans le nord de la France, une jeune femme, portant une églantine, est tuée par un membre des forces de l’ordre. L’églantine devient, à ce moment, le symbole du 1er mai. Cette dernière sera remplacée quelques années après, par le brin de muguet, ancienne coutume datant de l’époque de Charles IX qui consistait à offrir du muguet en mai. Dès lors, il devient habituel à l’occasion du 1er mai, d’offrir un brin de muguet à ses proches en mémoire des manifestations passées.
Il faudra attendre 1936, avec l’arrivée du Front Populaire, pour que la semaine de travail soit réduite à 40 heures et ce n’est qu’en 1941, sous le régime de Vichy, que le 1er mai est officiellement désigné comme celui de la Fête du Travail en France. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le 1er mai est finalement déclaré férié, chômé et payé.
La fête du travail aujourd’hui
Si aujourd’hui, la date de la fête du travail est la même dans la plupart des pays, les États-Unis ont choisi de fêter le “Labor Day” le premier lundi de septembre. PJ McGuire, vice-président de la Fédération américaine du travail, aurait suggéré cette date en raison de la météo optimale et de la place de la date sur le calendrier, à mi-chemin entre le 4 juillet et les jours fériés de Thanksgiving.
Pour les Français•ses aujourd’hui, la fête du travail est devenue symbolique. Cette date honore les travailleurs de l’époque dans leur lutte pour l’amélioration des conditions de travail. Elle rappelle la prise de parole et l’initiative des manifestants pour obtenir un meilleur environnement professionnel, autrement dit, pour améliorer le bien-être au travail. C’est le début d’une prise de conscience, celle de l’importance de la routine positive et de la qualité de vie au travail des salariés. Le brin de muguet en est une parfaite illustration. Signifiant “retour du bonheur”, il est dit que, quiconque trouvant un brin composé de 13 clochettes se verra favorisé par le destin.
Liam Donne
Co-fondateur de Cuidam