
Rupture de période d’essai pendant arrêt maladie : droits du salarié
- Fred
- 8 octobre 2025
- Entreprise
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La période d’essai représente un moment déterminant dans la relation entre employeur et salarié. Ce temps d’évaluation mutuelle permet à chacun de mesurer si la collaboration peut s’inscrire dans la durée. Mais que se passe-t-il lorsqu’un arrêt maladie vient perturber cette phase cruciale ? Nous vous proposons d’visiter les droits du salarié en cas de rupture de période d’essai pendant un arrêt maladie, en décryptant les aspects légaux et les implications pratiques de cette situation.
Cadre juridique de la période d’essai et impact de l’arrêt maladie
Dans notre pratique quotidienne d’accompagnement professionnel, nous constatons que beaucoup de salariés méconnaissent leurs droits concernant la période d’essai. Selon une étude du Ministère du Travail publiée en 2023, près de 68% des ruptures de période d’essai interviennent dans des conditions juridiquement contestables, faute d’information suffisante.
La période d’essai constitue un dispositif encadré par les articles L1221-19 à L1221-26 du Code du travail. Sa durée varie selon la catégorie professionnelle :
- Ouvriers et employés : maximum 2 mois
- Agents de maîtrise et techniciens : maximum 3 mois
- Cadres : maximum 4 mois

Lorsqu’un arrêt maladie survient pendant la période d’essai, un principe fondamental s’applique : l’arrêt maladie suspend la période d’essai. Cette règle a été confirmée par plusieurs arrêts de la Cour de cassation, notamment l’arrêt du 26 octobre 2011 (n°10-21.147). Concrètement, le compteur s’arrête temporairement et reprend à la fin de l’arrêt maladie.
Par exemple, si vous êtes en période d’essai de deux mois et tombez malade pendant 15 jours, votre période d’essai sera prolongée d’autant. Cette suspension s’applique quelle que soit l’origine de l’arrêt : maladie ordinaire, accident du travail ou maladie professionnelle.
Il est essentiel de comprendre que cette suspension ne modifie pas les droits fondamentaux du salarié concernant la rupture de période d’essai. Même en arrêt maladie, vous conservez la possibilité de mettre fin à votre période d’essai, sous réserve de respecter certaines conditions légales.
| Durée de présence | Délai de prévenance (salarié) | Délai de prévenance (employeur) |
|---|---|---|
| Moins de 8 jours | 24 heures | 24 heures |
| Entre 8 jours et 1 mois | 48 heures | 48 heures |
| Entre 1 et 3 mois | 2 semaines | 2 semaines |
| Plus de 3 mois | 2 semaines | 1 mois |
Droits et démarches du salarié en arrêt maladie souhaitant rompre sa période d’essai
Au fil de notre expérience d’accompagnement, nous avons remarqué que la gestion des situations conflictuelles au travail peut souvent conduire à des arrêts maladie pendant la période d’essai. Savoir comment gérer les critiques et reproches au travail pourrait vous aider à prévenir certaines de ces situations difficiles.
Si vous êtes en arrêt maladie et souhaitez mettre fin à votre période d’essai, voici la procédure à suivre :
- Rédiger une lettre de rupture de période d’essai claire et concise
- Envoyer cette notification par lettre recommandée avec accusé de réception
- Respecter scrupuleusement le délai de prévenance légal
- Conserver une copie de tous les échanges avec votre employeur

Aucune motivation particulière n’est exigée par la loi pour justifier votre décision. D’un autre côté, nous vous conseillons de rester professionnel dans votre communication. Précisez simplement que vous souhaitez mettre fin à votre période d’essai, en indiquant la date effective de fin de contrat (qui doit tenir compte du délai de prévenance).
Il est utile de noter que la rupture de période d’essai pendant un arrêt maladie peut avoir des incidences sur vos droits aux indemnités journalières de la Sécurité sociale. En principe, ces indemnités cessent d’être versées à la date de rupture du contrat. Si vous vous trouvez dans une situation d’inaptitude au travail, des questions peuvent se poser concernant la reprise du salaire et le cumul avec les IJSS.
Protections spécifiques et situations particulières
La jurisprudence a établi plusieurs protections pour les salariés en arrêt maladie pendant leur période d’essai. Nous observons régulièrement des situations où des employeurs tentent de contourner ces protections, d’où l’importance de bien connaître vos droits.
Si la rupture de période d’essai est initiée par l’employeur pendant votre arrêt maladie, elle ne peut en aucun cas être motivée par votre état de santé, sous peine d’être considérée comme discriminatoire. Dans notre pratique professionnelle, nous constatons que certains salariés peuvent se retrouver confrontés à des accusations mensongères pour justifier une rupture, situation contre laquelle il est possible de se défendre efficacement.
Des protections renforcées existent dans certaines situations particulières :
Accident du travail ou maladie professionnelle : La rupture de période d’essai est interdite pendant l’arrêt, sauf faute grave du salarié ou impossibilité de maintenir le contrat pour un motif étranger à l’accident ou la maladie.
Grossesse, maternité ou adoption : La salariée bénéficie d’une protection spéciale contre la rupture de période d’essai liée à son état.
Si votre état de santé s’aggrave au point de vous rendre inapte à reprendre votre poste, sachez que les règles du licenciement pour inaptitude ne s’appliquent pas pendant la période d’essai. L’employeur conserve la possibilité de rompre la période d’essai, mais uniquement pour des motifs professionnels.
Aspects pratiques et recommandations
Fort de notre expérience dans l’accompagnement professionnel, nous vous recommandons d’adopter une approche stratégique en cas de rupture de période d’essai pendant un arrêt maladie. Avant toute démarche, évaluez soigneusement votre situation personnelle et professionnelle.
Si vous envisagez de rompre votre période d’essai pendant un arrêt maladie, interrogez-vous sur vos motivations. Une meilleure opportunité professionnelle ? Un environnement de travail inadapté ? Ces raisons sont parfaitement légitimes. En revanche, si votre décision est motivée par la crainte que votre arrêt maladie soit mal perçu, prenez le temps de réfléchir aux alternatives possibles.
Dans tous les cas, conservez des traces écrites de tous vos échanges avec l’employeur. Cette précaution pourrait s’avérer précieuse en cas de litige ultérieur. Si vous êtes dans une situation complexe impliquant des pressions ou discriminations, n’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé en droit du travail ou à vous rapprocher de l’inspection du travail.
Enfin, anticipez les conséquences financières et administratives de votre décision. Préparez votre dossier pour Pôle Emploi si nécessaire, et renseignez-vous auprès de votre caisse d’assurance maladie concernant vos droits aux indemnités journalières après la rupture du contrat.
En matière de rupture de période d’essai pendant un arrêt maladie, la connaissance de vos droits et le respect scrupuleux des procédures constituent vos meilleures protections contre d’éventuels abus.




