L’année de césure, une année où on ne fait rien.

Vraiment ?

En-tout-cas, c’est l’idée qu’en ont beaucoup de personnes, notamment nos parents … Et pourtant, l’année de césure (ou “gap year” en anglais), peut être un tremplin personnel et professionnel !

Dans cette série de #Portraits d’Etudiants, retrouvez les témoignages de 4 anciens étudiants qui ont fait une année de césure !

Aujourd’hui, c’est Léa, 25 ans, qui va nous raconter son expérience.

Bonjour Léa, peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Léa j’ai 25 ans. Je viens de terminer mes études en marketing et communication digitale. Et aujourd’hui je travaille dans un job qui est alimentaire pour moi.

Quand as-tu pris une année de césure ?

J’ai fait deux années de césure, une en Irlande et une en Australie.

C’était quoi ton projet pour ta première année de césure ?

J’ai fait ma première année de césure post bac. Parce que je ne savais pas vers quoi me diriger. Donc j’ai voulu prendre le temps de savoir ce que je voulais faire, et d’aller à l’étranger pour apprendre l’anglais.

Je suis partie comme jeune fille au pair à Dublin. J’ai choisi Dublin, parce que ce n’était pas trop loin de mes parents en France. Et j’ai préféré l’Irlande au Royaume-Uni. Notamment parce que je ne désirais pas partir à Londres, parce que c’est une métropole où il y a beaucoup de Français. Je voulais vraiment apprendre l’anglais.
J’étais en immersion totale dans une famille irlandaise, je m’occupais de deux enfants. Ce qui m’a permis de vraiment progresser et de revenir bilingue.

Quand j’ai eu mon bac en 2014, je me suis inscrite à des formations sur Post Bac. J’avais tenté des choses, mais ce n’était pas des choses qui ne me transcendaient pas ou c’était bien trop spécialisé pour moi. J’avais été prise en BTS Photographie, mais j’ai préféré prendre le temps de me spécialiser plus tard. J’avais envie de trouver d’autres écoles, de me pencher plus sur la question que ce que j’avais fait pour Post Bac.
Et puis j’avais vraiment envie de parler anglais. Et pour le coup, à 18 ans on a envie de partir de chez ses parents, de prendre son envol. En tant que fille au pair c’est bien parce qu’on est quand même dans une famille, encadré, avec son argent de poche. Donc on s’émancipe mais en restant aussi un peu couvé, c’est un mix entre liberté et sécurité.

Que retiens-tu de cette année de césure ?

Pour le coup, l’anglais m’a énormément aidé.
D’ailleurs petit anecdote, un jour, j’ai croisé des Irlandais dans la rue, et ils ont de suite entendu que mes amies étaient espagnoles, mais pour moi ils n’ont pas su directement que j’étais française ! Ça m’a rendu fière d’avoir pu acquérir un bel accent anglophone.

J’ai rencontré aussi de nouvelles personnes d’ailleurs avec qui je suis toujours en contact aujourd’hui !

Et bien sûr, cette année m’a permis de trouver exactement ce que je voulais faire. Et je n’étais plus dans la précipitation, j’ai pris le temps de trouver la bonne école, d’y postuler, etc.

Ça a été compliqué de reprendre tes études après ta première année de césure ?

Pour moi c’était un commencement d’étude, pas une reprise. Du coup, ça n’a pas été difficile. J’arrivais dans une nouvelle ville, à Paris, dans des études qui me correspondaient, j’ai rencontré de nouvelles personnes. C’était vivifiant !

Pourquoi as-tu fait une seconde année de césure ?

J’ai pris une deuxième année de césure entre mon Master 1 et Master 2. Après 4 ans d’études, dont deux ans en alternance dans une agence d’événementiel. J’avais un rythme métro – boulot – dodo à 24 ans, et je me suis rendu compte que ça ne me convenait plus. Je travaillais énormément, et j’avais envie de prendre du temps pour moi.
L’idée, c’était de me déconnecter de la routine que je m’étais créé, que j’adorais, mais qui était trop intense à ce moment-là.

J’ai décidé de partir à l’autre bout du monde, en Australie. Pour le coup, je suis partie loin de chez moi, à 24 ans on a des ailes de Winx alors on peut faire ce qu’on veut !

On peut faire un Working Holidays Visa, donc c’est super intéressant comme Visa, parce que l’Australie est un pays très vaste donc on peut travailler et voyager en même temps.
Il faut partir avec une certaine somme qui est demandée par l’état Australien, mais arrivé sur place on peut travailler où on veut. Soit dans un métier en rapport avec ses études, ou bien en restauration, en café, en ferme. Travailler en ferme c’est assez positif, parce que c’est ce qui permet aux étrangers de renouveler leur Visa pour une seconde année.

Mon idée, c’était vraiment de me dépayser, donc je suis arrivée à Sydney et après j’ai voulu faire mon roadtrip Australien. Je suis partie travailler dans une ferme de fraises, puis de tomates et ensuite dans une usine. Ce n’est pas des métiers que je pensais faire un jour, mais je suis contente parce que je ne l’aurais jamais en France !

Que retiens-tu de cette seconde année de césure ?

Humainement c’était incroyable. Grâce à ma première année de césure, je parlais très bien anglais donc ça m’a aidé à m’intégrer.

C’est vrai que quand on arrive en Australie, on peut vite se retrouver dans des groupes de français qui restent entre eux, et ne s’intègrent pas. Je ne recommande pas de rester qu’avec des français si on veut améliorer son anglais et surtout rencontrer des personnes du monde entier !

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 Credit : Léa Dubedout

Ça m’a appris un truc important, c’est que le plan c’est de ne pas avoir de plan.

C’est vrai qu’il faut savoir où on va dans sa vie en général, quand on travaille il faut suivre un plan etc. Mais à certains moments de sa vie, le meilleur plan c’est de ne pas en avoir, parce que c’est là qu’on se laisse surprendre et que les meilleures choses nous arrivent.

Après mon rythme de vie très planifié, travail – école – rendez-vous – event, où l’imprévu n’a pas vraiment sa place, je me suis retrouvée en Australie en backpack, où c’est l’imprévu qui rythme ta vie. Ça apprend à lâcher prise.

Tu as trouvé ça compliqué de reprendre tes études après cette nouvelle année de césure ?

J’ai repris mes études en rentrant d’Australie, et ça a été beaucoup plus difficile pour moi. Déjà, parce que c’était une reprise d’études, pas un début, et en plus en plein Covid, donc je ne suis jamais retournée à l’école. Je suivais mes cours de chez mes parents, dans mon lit (comme la plupart des étudiants, *rire*).

Ça a été compliqué, parce qu’après avoir vu un peu le monde, avoir des approches de vies différentes, et avoir totalement coupé les cours, c’était plus difficile de se remettre dedans. Heureusement, que j’avais des gens de ma classe avec qui je m’entendais très bien, qui m’ont soutenue.

Qu’est ce que t’a apporté ces expériences d’années de césure ?

Comme je le disais, cette question de pas de plans , meilleur plan. Ça permet de se laisser aller, de s’ouvrir aux autres.

Tu arrives seule, tu ne connais personnes, ça reste impressionnant de devoir se sociabiliser même quand tu n’es pas timide. Mais au final, tu es obligée de le faire si tu veux vivre ton expérience à fond ! Donc tu te bouges pour t’ouvrir aux autres et c’est que bénéfique.

Le conseil que je peux donner, c’est de partir seul quand on veut partir en backpack. C’est sûr que c’est rassurant d’être à deux ou plusieurs, mais quand tu es seul, tu es obligé de parler une autre langue, de découvrir d’autres personnes et ça t’en apprend beaucoup plus sur toi !

Tu découvres des facettes de toi-même que tu ne connaissais pas quand tu pars seule. Tu découvres toutes les choses dont tu es capable ! Et surtout, tu es le seul maître de ton aventure, donc pas de compromis quant à l’itinéraire de voyage. Tu es libre de tes choix, de tes mouvements, des personnes avec qui tu as envie de créer des affinités.

À 24 ans on a des ailes de Winx alors on peut faire ce qu’on veut !

Recommandes-tu l’année de césure ?

Je recommande de faire une année de césure.
Mais si je peux donner un conseil, je pense qu’il vaut mieux la faire avant de commencer les études, soit entre deux diplômes (licence et master par exemple) ou bien à la fin de ses études.

Parce que tu pars quand un chapitre est terminé, donc libre à toi de savoir quel chapitre tu veux ouvrir derrière. Mon erreur, ça a été de partir entre deux années de Master, en plein milieu d’un chapitre, et quand je suis revenue j’avais oublié la première partie.

Je pense que c’est plus intéressant de partie quand on a finalisé un diplôme ou que l’on a fini ses études, parce qu’il y a tellement d’imprévus, que c’est frustrant de devoir rentrer pour continuer son master ou sa licence ensuite.

Et selon moi, le mieux, c’est de réaliser son année de césure en post master, parce que les études sont derrière toi, tu peux partir découvrir le monde. S’il faut, tu vas vouloir t’installer à l’étranger, donc tu peux trouver un job là-bas en lien avec tes études, tu as ton bagage déjà établi.

Quel mot caractérise le plus tes expériences ?

Pour moi c’est plus une découverte humaine, qu’un apprentissage professionnel. C’est une découverte de soi, pour apprendre à mieux se connaître. Finalement c’est dépasser ses limites !

Marie Sallaberry

Co-fondatrice Cuidam

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