Voici pourquoi de plus en plus de couples partent en vacances séparément

• Guillaume Pinson
• 28 octobre 2025
• QUOTIDIEN
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Fermez les yeux. Vous sentez la caresse du soleil, le crissement du sable sous vos pieds, ou le vent frais de la montagne ? Bref, imaginez les vacances idéales. Maintenant : qui est à vos côtés ? S’il n’y a personne, alors même que votre moitié existe bel et bien à la maison, rassurez-vous : vous faites partie d’une nouvelle vague de couples qui choisissent, sans trembler, de partir chacun de son côté. Mais pourquoi cette tendance gagne-t-elle du terrain ? C’est parti pour un tour d’horizon, sans valise, mais avec quelques témoignages rafraîchissants !

La montée de l’individualisme : adieu fusion, bonjour autonomie

• Jean-Claude Kaufmann, sociologue, l’affirme : la société actuelle penche nettement vers l’individu.
• On mange plus souvent en solo, on fait chambre à part, et parfois même logement à part… alors pourquoi pas des vacances à part ?

Loin de l’idée saugrenue, partir en vacances séparément s’inscrit dans un mouvement général où autonomie et accomplissement personnel n’ont plus à s’effacer devant le couple. L’envie d’éviter de tout sacrifier sur l’autel de la vie à deux ne choque plus grand monde.

Questions pratiques et envies opposées : le casse-tête des agendas

Les raisons qui poussent à faire valise à part sont souvent terre à terre, pas forcément signe de discorde.

• Tiffany, 33 ans, partage deux enfants avec son compagnon. Hors période estivale, ils n’ont jamais leurs congés en même temps. Résultat : l’un part avec les enfants chez les grands-parents, tandis que l’autre s’accorde une rare bulle de silence à la maison.
• Et les divergences de goûts ne sont pas en reste ! Pascale, 60 ans, visionne mer et plage pour monsieur, montagne et aventure pour elle. Même dates de congés ? Oui, mais pas mêmes destinations !
• Pour Catherine, 53 ans, c’est l’affluence touristique en juillet/août qui rebute son conjoint. Elle file donc seule avec leur fille de 19 ans, histoire de profiter de ce temps mère-fille avant que l’étudiante ne s’envole ailleurs.
• Carole, quant à elle, vit depuis 25 ans avec un « pantouflard » revendiqué : son mari reste ravi de savourer le canapé tandis qu’elle traque les découvertes, sans traîne-savates dans ses bagages.

Un peu d’organisation, un peu d’ouverture… et beaucoup de tolérance !

Communication, confiance et engagement : le triptyque gagnant

Que les sceptiques se rassurent : le secret d’un couple solide malgré (ou grâce à) des vacances séparées, c’est la confiance.

• Jean-Claude Kaufmann est catégorique : la relation doit reposer sur une confiance mutuelle sereine et entière.
• La communication, d’après la psychothérapeute Stéphanie Almon, est cruciale pour expliquer ses besoins, et vérifier que le partenaire y consent, sans frustration cachée.
• Ménagez la discussion, surtout si l’attachement de l’un des deux est plus anxieux. Car partir peut éveiller la crainte d’être abandonné… Mais, selon Stéphanie Almon, même dans ces cas-là, ce n’est pas impossible.
• Attention toutefois : si, de retour à deux, l’un des partenaires se mue en fantôme insensible (“coucou je reviens, mais j’y suis plus…”), le couple risque de s’effriter. L’engagement dans la vie quotidienne reste donc primordial.

Vacances solo : parenthèse salutaire ou pole position vers la rupture ?

Quand le couple vacille, partir seul peut aussi donner un nouveau souffle. Sébastien, 51 ans, a goûté au séjour solo après des vacances d’hiver désastreuses : “Une semaine loin de tout. C’était très bien.” Pour la psychothérapeute, ce recul permet parfois de faire le point… et de revenir avec des solutions plutôt qu’avec une valise de ressentiment.

Mais pour tous ceux dont la relation tient la route, les bénéfices sont aussi au rendez-vous :

• David, 50 ans, observe que ne pas voyager avec sa compagne peut être frustrant mais permet de ressentir le manque, pour mieux se retrouver ensuite.
• Pascale encourage même son compagnon à découvrir des destinations en solo, pour partager ensuite leur regard sur ces lieux et nourrir la relation.
• Catherine a apprivoisé le plaisir d’une escapade seule en thalasso, devenue un vrai rendez-vous avec elle-même. Stéphanie Almon insiste : prendre du temps pour soi, c’est sain… et bénéfique pour le couple ensuite.

En conclusion : partir loin, c’est parfois rapprocher
Carole résume d’ailleurs bien cette philosophie. Certes, elle aimerait parfois partir avec son mari, mais pourquoi l’y forcer ? Il préfère rester, elle préfère partir, et chacun s’autorise à être soi… en confiance. Finalement, s’aimer, c’est aussi accepter d’offrir à l’autre une liberté qui lui fait du bien — avec, à la clé, des retrouvailles chargées d’histoires à raconter. Et si la preuve d’amour, c’était justement de laisser l’autre s’évader ?