Le Code du Travail stipule qu’aucun salarié ne doit subir des faits de harcèlement sexuel, ou des faits assimilés au harcèlement sexuel (Article L1153-1). Mais depuis une affaire jugée en 2015, le Conseil des prud’hommes reconnait désormais le harcèlement sexuel d’ambiance comme une nouvelle forme de harcèlement sanctionnable.

Victime d'un harcèlement sexuel d'ambiance ?

Qu’est-ce que le harcèlement sexuel d’ambiance ?

Le harcèlement sexuel a vu sa définition s’élargir. Désormais, aux yeux des magistrats, il ne se limite pas à des avances, du chantage, ou même des propos visés.

Le climat de travail hostile, intimidant, ou humiliant est désormais un élément pris en compte lors d’une enquête interne. Propos insultants à l’égard d’un collègue absent, « blagues » déplacées incessantes et répétées, affichage d’images à caractère pornographique sur les écrans de veille d’ordinateur ou au coin du bureau…

Autant de faits qui caractérisent le harcèlement sexuel d’ambiance, auparavant appelé harcèlement sexuel « d’environnement ». Cette forme, par son caractère moins direct et parfois plus subtil, est tout aussi présente dans les organisations et peut être tout autant destructrice pour les personnes qui en sont témoins. Vous n’avez pas à subir les comportements déplacés de vos collègues ou de votre hiérarchie. Même si vous n’êtes pas directement visé par ces propos, vous ne restez pas moins victime et spectateur des réflexions et agissements qui vous entourent.

La reconnaissance de cette forme de harcèlement a été une grande avancée dans le monde professionnel. En effet, la justice prend désormais en compte l’atteinte à la dignité humaine, sans nécessairement viser à obtenir une faveur sexuelle en retour. De plus, cette forme de harcèlement est reconnue autant pour les hommes que pour les femmes.

Que faire lorsque nous sommes sujets à du harcèlement sexuel d’ambiance ?

Si vous vous reconnaissez dans cette situation et que rien que l’idée d’arriver sur votre lieu de travail le matin et de devoir subir les réflexions de vos collègues vous met mal à l’aise, voici la marche à suivre.

Dans un premier temps, ne culpabilisez pas de vous sentir mal. Il est tout à fait compréhensible que cette situation soit pesante pour vous.
Votre environnement de travail ne doit pas être un lieu d’échange d’allusions sexuelles plus ou moins graveleuses. Le problème ne vient pas de vous mais bien des collaborateurs qui se permettent de banaliser et de vous imposer leurs propos et leurs actes.

Il est donc conseillé d’en parler le plus tôt possible à un membre de votre entreprise (service des Ressources Humaines, référent harcèlement s’il y en a un, plateforme de lanceur d’alerte…). Ces personnes/services pourront vous écouter et vous rassurer sur le fait qu’il n’est pas normal d’éprouver un mal-être lorsque vous êtes entouré de vos collègues.

Dans un second temps, il est également important d’en parler à vos proches : famille, amis ou collègues en qui vous avez confiance, ils pourront vous conseiller et vous épauler pour éviter que vous vous sentiez démunis face à cette situation.

Enfin, la Médecine du Travail ou le CSE de votre entreprise sont également des interlocuteurs de confiance, n’hésitez pas à vous adresser à eux pour obtenir de l’aide.

Si vous ne vous en sentez pas capable pour le moment, ne confrontez pas directement le ou les auteurs de ces agissements. Vous aurez peut-être besoin d’être rassuré et accompagné pour leur faire face.

Il est important de rappeler que chacun à sa propre perception des choses : ce n’est pas parce que vos collègues ne semblent pas atteint autant que vous par cette situation que vous devez la minimiser ou vous sous-estimer.

Le harcèlement sexuel d’ambiance est une forme de harcèlement qui ne doit pas être banalisée. Même si vous n’êtes pas directement visé par les propos tenus, il est important d’exprimer son mal-être et sa gêne auprès d’une personne de confiance. Le Conseil des prud’hommes prend désormais en compte la dégradation de l’état de santé d’un individu dû à ces agissements. Il est donc primordial que les victimes ne restent plus silencieuses.

Héléna Belaïd

Co-fondatrice de Cuidam

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