Pourquoi les pensions complémentaires resteront gelées en 2025 : l’explication qui dérange
- Guillaume Pinson
- 2 novembre 2025
- QUOTIDIEN
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Pourquoi les pensions complémentaires resteront gelées en 2025 : l’explication qui dérange
Vous la sentez, cette brise fraîche qui vient de souffler sur le portefeuille de près de 14 millions de retraités du privé ? Cette année, pas de petit plus pour arrondir les fins de mois, mais un gel aussi surprenant qu’incompréhensible des pensions complémentaires. Pourtant, côté finances, il semblerait que l’Agirc-Arrco ait de quoi voir venir. Alors, d’où vient ce blocage glacial ? Plongée dans les coulisses d’une décision qui laisse perplexe.
Un rendez-vous annuel… qui tourne au coup de froid
Chaque mois d’octobre, le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco, le régime de retraite complémentaire des salariés du privé, se réunit pour trancher un sujet sensible : la revalorisation des pensions. L’habitude voulait qu’on suive le rythme de l’inflation, qu’on applique un correctif de prudence (0,4 point de moins), et qu’on ajuste le tout selon la marge de manœuvre du moment. Surtout, pas question de lâcher la fameuse règle d’or : les réserves à 15 ans doivent représenter au minimum 6 mois de prestations.
Mais cette fois, rien ne s’est passé comme prévu. À la réunion du 17 octobre, impossible de s’accorder. Les représentants du patronat, campés sur leur prudence (certains diront leur obstination), ont fermé la porte à toute hausse significative malgré des chiffres très encourageants.
Des réserves qui crèvent le plafond
L’argument d’un contexte difficile sonne creux : loin d’être en crise, l’Agirc-Arrco déborde de bonne santé financière.
- Pour 2024, 4,6 milliards d’euros de résultat positif.
- 86,5 milliards d’euros de réserves, soit 10 mois et demi de prestations mises de côté.
On est donc bien au-dessus des 6 mois exigés par la règle d’or, et les projections sont sans ambiguïté : selon les calculs, même une revalorisation de 0,6 % n’affaiblirait pas la solidité du système. Les réserves, au contraire, continueraient de croître, assurant la pérennité sur les 15 prochaines années. On est loin, très loin de l’agonie budgétaire.
CFDT versus patronat : un dialogue… de sourds
Pour la CFDT, il allait de soi qu’une gestion prudente s’impose dans le climat politique et économique actuel, mais il y a des limites. Accepter une revalorisation sous les 0,6 % — pire, se contenter du 0,2 % défendu par le patronat — frise l’injustifiable selon eux.
Mais rien n’y a fait. Le patronat s’est vraiment arc-bouté sur sa position, jugeant la moindre sous-indexation déjà excessive. Résultat des courses ? Aucun accord trouvé, personne ne cède. Blocage total, décision impossible… et donc, gel pur et simple des pensions complémentaires.
Une issue qui interroge et frustre les retraités
Dès lors, impossible d’échapper au verdict : les pensions complémentaires Agirc-Arrco ne seront pas revalorisées pour 2025. Ce coup de froid concerne tout de même 14 millions de retraités, dont le pouvoir d’achat subit de plein fouet la glaciation des discussions. Et, ironie de la situation, ce gel intervient pile au moment où les réserves atteignent des sommets et où la santé du régime n’a jamais été autant à l’abri de menaces sérieuses.
Selon de nombreux partenaires, la responsabilité de ce gel incombe directement au patronat, accusé de ne pas avoir mesuré l’enjeu réel. Cela jette une lumière crue sur le débat autour du rôle toujours plus important confié aux partenaires sociaux dans la gestion des retraites. Pour la deuxième fois en 2025, le patronat ne semble pas se hisser à la hauteur des attentes collectives.
En conclusion ? Difficile de ne pas rester sur une impression d’incompréhension face à ce gel injustifié, alors même que les comptes sont à l’équilibre. Parfois, il faut croire que la prudence a bon dos ! Espérons que les prochains débats soient un peu plus inspirés et que les retraités ne soient plus laissés dans la brume d’une augmentation évaporée.





