Vacances d’été : ce que personne ne vous dit sur le niveau scolaire des enfants
- Guillaume Pinson
- 1 novembre 2025
- QUOTIDIEN
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L’été arrive, les valises se remplissent, les cahiers se ferment… et déjà une inquiétude pointe chez de nombreux parents : « Mon enfant va-t-il tout oublier, après deux mois loin des bancs de l’école ? » Si vous vous êtes déjà fait cette réflexion, rassurez-vous, vous êtes loin d’être seul(e) ! Depuis plus d’un siècle, chercheurs et professeurs s’arrachent les cheveux sur cette fameuse perte de niveau scolaire pendant les vacances. Mais au fond, que sait-on vraiment de ce phénomène, et comment y faire face sans transformer votre été en camp d’entraînement façon cuisinier étoilé de devoirs ? Suivez le guide !
La question du niveau scolaire l’été : pas d’hier !
Tout commence au début du XXe siècle, quand William White, professeur de maths à New York, décide de tester la mémoire de ses étudiants juste après les grandes vacances. Son idée : leur faire passer un examen identique à celui de fin d’année, mais à la rentrée. Résultat ? Le choc des statistiques ! Si ses étudiants faisaient en moyenne 9 erreurs sur 70 à la sortie des classes, la rentrée les voyait hésitants, culminant à 25 erreurs. Deux semaines de révision plus tard, on redescendait à 15.
Conclusion de White, publiée dans « Reviews Before and After Vacation » en 1906 : ce sont les notions les moins vitales qui sont oubliées le plus vite. Première identification officielle de ce que l’on appelle aujourd’hui la « perte des acquis scolaires » pendant l’été.
Des vacances… qui font parfois perdre un mois !
Depuis les années 1990, cette fameuse perte estivale n’a plus grand-chose d’anecdotique. Les recherches montrent qu’au fil de l’été, les élèves perdent souvent l’équivalent d’un mois d’apprentissage, notamment en maths et en orthographe. Pas de panique, on ne repart pas à zéro, mais certains groupes y sont plus sensibles :
- Les enfants souffrant d’un handicap
- Ceux qui apprennent la langue du pays (pas de chance pour ceux qui pratiquent déjà l’anglais et se frottent au français !)
- Les enfants résidant en situation de pauvreté
Plus étonnant encore, les plus gros « oubliés » de l’été sont parfois ceux qui progressaient à toute allure juste avant les examens… de quoi se demander si la préparation intensive avant les tests ne fait pas office de feu de paille plutôt que de solide fondation !
L’année scolaire plus longue : une solution miracle ?
Les débats s’agitent sur la durée de l’année scolaire. Certains affirment que de plus longues périodes d’école limitent l’oubli. Regardez la Chine, par exemple : 245 jours d’école par an, et des élèves dans le top mondial en maths, sciences et lecture. Aux États-Unis, avec 180 jours, ils pointent à la 25e place sur 77 pays, derrière l’Australie, la Suisse, la Norvège ou la République tchèque.
Cependant, tout n’est pas si simple : l’Irlande, avec 167 jours de classe par an (treize de moins qu’aux États-Unis), dépasse pourtant les Américains de dix points en moyenne selon PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) ! Comme quoi, la qualité prime parfois sur la quantité…
Entretenir les acquis… sans cahier de vacances ?
Face à ce phénomène, beaucoup de parents se ruent sur les cahiers de vacances ou le soutien scolaire. Bonne idée, mais il existe d’autres méthodes tout aussi efficaces et bien plus ludiques pour faire travailler le cerveau incognito :
- Montrez l’exemple : l’été, réduisez les écrans et multipliez les occasions de lire, écrire, jouer ou simplement discuter en famille. Les enfants adorent imiter ce que font les adultes autour d’eux.
- Bouquinez… à la bibliothèque ! Rien de mieux que de donner l’autonomie à votre enfant : laissez-le choisir des livres à lire ou à écouter ensemble, participez aux heures du conte, et faites de la bibliothèque un lieu à visiter plusieurs fois par mois.
- Jouez pendant les trajets : en bus ou train, lancez des petits défis comme compter les fast-foods croisés ou trouver des mots commençant par une lettre spécifique. Astucieux et formateur !
- Tenez un journal de vacances : proposez à vos enfants de lister dix activités à tester avant la fin de l’été, d’écrire et de dessiner ce qu’ils vivent – coucher de soleil ou journée pieds nus, tout est bon à prendre.
- Visitez, explorez : chaque sortie dans un site local devient une occasion d’apprendre. Journal, photos, dessins et recherches historiques transforment la balade en aventure pédagogique.
- Pique-niques en équipe : laissez les enfants choisir le menu, cuisiner avec vous, dresser la liste de courses. Eh oui, c’est aussi efficace pour progresser en lecture, écriture et même maths !
En somme, l’oubli des acquis pendant l’été n’est ni une fatalité, ni une invention des professeurs. Mais avec un soupçon d’invention, beaucoup de curiosité, et quelques rituels familiaux, l’été peut devenir le terrain de jeux idéal pour entretenir sans stress la soif d’apprendre. Après tout, c’est prouvé : les souvenirs les plus utiles sont souvent ceux que l’on construit… loin des cahiers !





