Les relations au travail peuvent s’avérer parfois compliquées. Mais lorsque l’on subit du harcèlement dans son entreprise nos vies professionnelle et personnelle peuvent être fortement entachées.

Que faire pour se sortir d'un harcèlement au travail

Comment savoir si l’on est victime de harcèlement ?

Suivant la forme de harcèlement subie, il est parfois difficile de se rendre compte que l’on est victime. Dans le cas d’un harcèlement moral, il peut être compliqué de déceler quel acte peut être considéré comme tel. Voici une liste non-exhaustive de comportements qui peuvent traduire un harcèlement moral :

  • des critiques injustifiées sur son travail ou sur sa personne des mesures répressives (couper tout lien entre la personne et ses collaborateurs par exemple)
  • une humiliation publique devant son service ou d’autres collègues
  • des avertissements injustifiées (si le harceleur est hiérarchiquement au-dessus
  • des missions qui ne sont pas dans vos compétences

Cela peut aussi être un harcèlement sexuel, des agissements sexistes, du cyber-harcèlement ou de la discrimination. Si vous éprouvez des pressions psychologiques (voire physiques) quotidiennes, et que vous vous sentez un danger , c’est que vous êtes sûrement victime d’un harcèlement de la part de votre supérieur ou de votre collègue. La première étape pour pouvoir sortir d’une situation de harcèlement est de comprendre qu’on est victime. Mais le but est de ne pas le rester !

Comment gérer mon mal-être face au harcèlement au travail

Lorsqu’on se sent harcelé par un tiers, un sentiment de honte peut subvenir. Cette honte nous pousse à minimiser les actes subis : ce n’est pas si grave, au fond, j’ai peut-être fait quelque chose de mal.

Ce que vous vivez n’est pas de votre faute, mais bien de celle de la personne qui harcèle. Vous seule êtes conscient de la limite de ce que vous pouvez supporter et accepter.

Certaines étapes sont clés pour se sortir de ce que l’on vit et se reconstruire psychologiquement.

Vous devez en parler

Tout d’abord, il est important de consulter un médecin (traitant ou du travail) ou bien un psychologue (généraliste ou du travail) pour avoir un état des conséquences du harcèlement sur sa santé.

Le praticien sera ici un tiers de confiance pour vous accompagner dans la résolution de votre cas. Être accompagné par un expert vous apportera des preuves (comme quoi vous êtes sincèrement victime de harcèlement) mais aussi des réponses pour aller de l’avant et améliorer votre bien-être.

Vous pouvez également vous confier à vos proches. Si c’est le cas, ne minimisez pas ce que vous subissez, ne craignez pas de les ennuyer avec vos problèmes. Choisissez deux-trois personnes de votre cercle amical ou familial en qui vous avez pleinement confiance. Se confier à eux vous permettra de voir que vous êtes cru et compris et que votre souffrance est légitime. Être harcelé n’est pas anodin, vous ne devez donc pas avoir honte d’en parler à ceux qui vivent quotidiennement autour de vous.

S’il est difficile pour vous de raconter les actes à vos proches, vous pouvez contacter des associations dédiées ou des groupes de paroles qui peuvent vous soutenir dans votre libération de la parole.

Ecoutez-vous au maximum

« J’aimerais être pris au sérieux », ce sont des paroles qui reviennent souvent de la part de victimes de harcèlement au travail. Être entendu, cru et très important dans la reconstruction post-harcèlement, c’est même essentiel. N’écoutez pas les remarques de certains collègues ou proches qui vous diront que vous n’avez pas de troisième degré, qu’il faut se « détendre ». Vous seul est conscient de votre profond mal-être, cette situation doit cesser, le harceleur doit stopper ses agissements.
Il est important pour vous de réaliser vos forces et vos faiblesses. Certes, il peut être compliqué de se recentrer sur soi lorsqu’on subit des actes violents de la part d’une autre personne, mais comprendre sur quoi vous pouvez vous appuyer en vous, ce qui compte pour vous, peut vous aider pour résister dans une situation si dure.

Essayez de puiser le maximum de force dont vous disposez pour avancer tous les jours. Mais bien entendu, ne minimisez pas ce qu’il vous arrive. Le but ici est de réapprendre à écouter son soi intérieur, à analyser la situation et à comprendre que rien de tout cela n’est de votre faute et que vous êtes une personne forte qui s’en sortira.

Quelles actions mettre en place pour faire cesser le harcèlement ?

Une fois que vous avez pris conscience de la situation que vous vivez, il est important de rendre le harcèlement « visible ».

Toutes les actions négatives à votre encontre peuvent constituer des preuves. Même si vous avez l’impression d’être le ou la seule à voir son vrai visage n’hésitez pas à noter tous les mensonges de l’oppresseur, ses comportements inappropriés et l’impact que cela a sur votre travail et votre moral. Vous pouvez séparer vos notes selon différents critères qui vous sont propres : vos ressentis, vos sensations de malaise. N’oubliez pas de les dater pour plus de concret.

Un collègue peut être d’une grande aide pour prouver que vous êtes victime de harcèlement quel qu’il soit. Demandez à un collaborateur dont vous êtes proche de témoigner pour vous s’il a pu constater de lui-même ce que vous subissez ou qu’il voit la dégradation de votre santé.

Pouvoir recueillir des preuves rendra tangible la situation et servira de première base lorsque vous échangerez avec un professionnel du droit ou un psychologue du travail.

Il peut être nécessaire de s’entourer des bonnes personnes et des bons outils pour aborder l’aspect légal du harcèlement. Des informations sur les lois existantes pourraient vous être utiles et vous permettre de ne pas douter de vous-mêmes : vous vivez une période compliquée, vous êtes pris pour cible.

Pour mettre fin au harcèlement vécu, des personnes de votre entreprise peuvent vous accompagner. Vous pouvez informer votre ou vos supérieurs hiérarchiques (s’ils ne sont pas ceux qui vous harcèlent) de la situation. Cela oblige vos managers à prendre en compte ce qu’il se passe, à confronter le harceleur et à vous aider pour vous en sortir.

Dans le cas où vous ne pouvez pas vous tourner vers l’employeur ou un supérieur, vous pouvez contacter votre syndicat, votre CSE ou bien le médecin du travail. N’hésitez pas à passer par tous les biais mis à disposition par votre entreprise que ce soit des personnes, des organisations ou des plateformes de recueils.

Une fois que votre entreprise est au courant, il est important pour vous si vous ne l’avez pas encore fait de consulter un psychologue, une association, ou un autre professionnel en qui vous avez confiance, pour rebâtir votre vous intérieur.

Si vous êtes à bout de forces, bien que le harcèlement ait été déclaré, ne démissionnez pas directement. Parlez-en avec votre médecin généraliste, ou votre médecin du travail qui vous conseillera ce qui est le mieux pour vous.

Et après ?

Si tout se passe dans les règles, une médiation va être mise en place en interne pour comprendre l’état de la situation. L’employeur a en effet une obligation légale dans la protection de ses salariés face au harcèlement (Code du Travail). Ce processus sera peut-être compliqué pour vous, mais il est nécessaire pour stopper les agissements du harceleur. Ce dernier n’a peut-être même pas conscience de la pression psychologique qu’il a sur vous, lui exposer ses agissements sera peut être un électrochoc pour lui. Bien entendu, dans la majorité des cas, la personne qui utilise son pouvoir sur un tiers sait exactement ce qu’il fait et pourquoi il le fait. En tant que victime de harcèlement au travail, il faudra vous préparer psychologiquement et physiquement, d’où l’intérêt d’être soutenu par des professionnels du droit et du travail. Comme nous le savons, c’est la fréquence et la teneur des actes qui définissent le harcèlement et son cadre. Vous n’aurez peut-être pas ce que vous attendez. Le harceleur ne sera pas forcément démis de ses fonctions par exemple, tout dépend de la tournure de la médiation ou de l’enquête interne. Dans le cas de la médiation, vous serez peut-être amené à faire des concessions : pas de résignation ou d’acceptation, mais une possibilité vers d’autres perspectives professionnelles. Même si vous acceptez de faire une concession, cela ne change en rien la nature de ce que vous avez vécu ! Surtout, ne vous torturez pas l’esprit à comprendre le harceleur. Parfois, l’esprit de l’autre est bien trop complexe, mystérieux, pour que l’on explique ses actes. Vous êtes la personne qui a souffert de ses agissements, pensez à vous, seulement à vous et à votre reconstruction psychologique et personnelle.

Marie Sallaberry

Co-fondatrice de Cuidam

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